Faute de pouvoir dormir au refuge du Soreiller (en travaux) pour gravir la Dibonna, nous sommes montés, Manu et moi, au refuge de Temple-Ecrins avec le modeste objectif de faire deux sommets par leur voie normale, histoire de se mettre en jambes en ce début de saison. Notre choix se porte vite sur le Pic Coolidge pour le premier jour et, sur le conseil d'alpinistes descendant de ce sommet, nous envisageons de passer par un petit couloir à 45°, sorte de raccourci de la voir normale. Nous trouvons la description d'un autre itinéraire, côté AD mixte, dans le livre d'or du refuge. Il semble intéressant, mais nous n'avons pas avec nous l'équipement préconisé par les ascensionnistes (pitons et coinceurs).
Au terme d'une courte nuit dans un dortoir glacial nous partons vers le Coolidge, sur le sentier d'abord puis nous chaussons les crampons pour prendre pied sur le névé. Notre rythme est assez rapide et nous apercevons dans le jour naissant le fameux couloir sud décrit dans le livre d'or. Nous dévions notre course pour "aller voir à quoi ça ressemble". Nous ne sommes pas encore encordés et Manu part en reconnaissance. Je le suis à une cinquantaine de mètres jusqu'au pied du couloir, puis à son sommet car visiblement il a décidé "d'aller voir" de plus près. L'ayant rejoint au collu nous examinons ensemble la suite du cheminement. Avec notre brin de 30 m, deux sangles et deux dégaines nous ne sommes pas équipés pour faire du rocher, mais l'itinéraire est attirant. Finalement Manu part en tête dans la première longueur où il pose une unique sangle et qui finit en corde tendue, comme d'habitude, la barre rocheuse de 50 m étant plus haute que notre petite corde. Une traversée ascendante en neige nous amène au pied d'un nouveau dièdre sous le bastion sommital. C'est mon tour de passer devant et je progresse tout doucement dans le dièdre verglacé, ce qui ne m'empêche pas de détacher au passage un bloc de 10 kg de ce fameux granit d'Oisans. Plus de peur que de mal : je tiens bon et Manu n'était pas sur la trajectoire.
Cette longueur, terminée corde tendue comme la première, nous amène à une brèche à droite du sommet. Elle marque en tout cas la fin des difficultés et nous pouvons profiter de la vue sur la face sud des Ecrins quelques minutes plus tard. Nous retrouvons au sommet les cordées passées par la voie normale et surtout un nain de jardin qui trône sur ce joli sommet en lieu et place des traditionnelles croix. Mais que fait le FLNJ ?