Rafting au Népal - la rivière Bhote Kosi

Il me restait quelques jours de libre après le trek. Juste le temps de m'initier au rafting lors d'une des sorties proposées par une des innombrables agences. En fait on retrouve toujours les mêmes rivières au menu, la demi-douzaine de classiques proposées par toutes les compagnies.
J'ai finalement opté pour deux jours de descente de la Bhote Kosi, un des itinéraires de rafting les plus tumultueux du Népal mais accessibles aux débutants sportifs d'après les gens de l'agence.
Comme le rafting est une activité dangereuse je m'adresse à une compagnie réputé sérieuse, Equator Expeditions, recommandée à la fois pas des trekkeurs rencontrés dans les Annapurnas et par le guide Footprint. Je ne marchande pas non plus le tarif (60 $ pour deux jours incluant, outre le rafting, le transport, la nourriture et le logement), ne souhaitant pas que la compagnie rogne sur les mesures de sécurité pour conserver sa marge bénéficiaire.
Après trois heures de bus au départ de Katmandou, ce qui me permet de faire connaissance avec trois équipiers (un Belge et un couple de Britanniques), nous arrivons au camp, un sympathique village de tentes fixes aussi luxueux qu'un hôtel (lit, matelas et oreiller dans les tentes, sanitaires en dur, préau pour prendre les repas et jouer au billard, chaîne Hi-Fi, terrain de volley-ball). L'endroit est idyllique, calme et pas bondé puisqu'à ce jour les seuls occupants sont un couple de Belges, nos deux derniers équipiers.
Après un dejeuner-buffet pris au camp nous repartons pour une heure de bus. Nous remontons la vallée où coule la Bhote Kosi, ce qui nous permet d'apercevoir de temps en temps la rivière et la fameuse "eau blanche" qui forme certains rapides.
Une fois au point de départ le sport commence immédiatement, mais pas sur l'eau. Il faut gonfler le bateau et nous nous relayons pendant presque une heure à la pompe. Les bras sont déjà bien chauds.
Le guide nous explique les manoeuvres de secours et les ordres de base, puis nous nous lançons directement dans un petit rapide qui s'avère plus facile à négocier qu'on aurait cru de prime abord. Le raft est secoué mais rien d'alarmant encore jusqu'à une section non navigable où le guide et un des kayakistes de secours descendent l'embarcation au bout d'une corde alors que nous contournons la difficulté à pied par la berge.
On repart aussitôt en changeant de place et je me retrouve devant, une position plus délicate car on n'a rien pour coincer ses pieds. Et je me fais surprendre par le premier rapide, "Liquid blister", où je tombe à la renverse lorsque le raft heurte un rocher.
Là tout va de travers. Quand j'ouvre les yeux je suis sous l'eau, immobile, et je ne vois que des bulles. Il me faut deux ou trois secondes pour réaliser que je suis coincé sous le bateau, plaqué par le courant. Mais pourquoi le raft ne bouge-t-il pas ? J'essaie de me dégager. Impossible, le courant est plus fort que moi. Je commence à manquer d'air et à penser à la mort. Mais finalement j'arrive à agripper quelque chose et à m'extraire par le côté. Immédiatement je suis happé par un nouveau courant et je dévale le rapide. J'essaie de garder les pieds devant et de prendre une respiration quand ma tête émerge momentanément mais il est difficile de faire quoi que ce soit dans ce maelström. Je suis dans le tambour d'une machine à laver, ou plutôt dans un flipper car je rebondis sur plusieurs rochers. Heureusement le casque protège la tête et j'arrive en fin de rapide égratigné de partout mais globalement indemne. En tout cas rien de cassé.
En haut du rapide le raft est toujours coincé contre le rocher. Heureusement que je ne suis plus dessous car le pilote ne parvient à le dégager qu'au bout de plusieurs minutes. Quand il arrive enfin pour me repêcher il manque quelqu'un d'autre dans le raft : l'Ecossaise qui a eu un mouvement réflexe pour me rattraper et qui est tombée aussi. Elle a eu plus de chance car elle a été aspirée directement par le courant et attend plus loin qu'on la récupère.
Nous négocions la suite du parcours sans soucis majeurs, tous bien décidés à rester à bord. Puis c'est l'heure de rentrer pour les diverses libations au camp et de nombreuses parties de snooker.
Nous repartons le lendemain pour effectuer une deuxième fois le même parcours, un peu allongé puisque nous mettons le raft à l'eau quelques kilomètres en amont du départ de la veille. Jusqu'à "Liquid blister" pas de problème mais ce rapide ne nous réussit décidément pas car nous nous retrouvons de nouveau coincés de travers contre un rocher juste en dessous de la première chute. Le raft se remplit et nous n'arrivons pas à le dégager quelle que soit la manoeuvre. De l'eau jusqu'à mi-cuisse nous poussons d'un côté et de l'autre sous les ordres du pilotes mais nos efforts sont vains. Nous envoyons une corde au kayakiste de secours sur la rive mais seul il n'arrive pas à nous faire bouger. Le deuxième kayakiste est retourné dans le bus après avoir cassé son kayak. Finalement, grâce à l'effort combiné de l'homme sur la rive et de nos mouvements de balanciers nous sommes précipités dans le courant. En tête à queue complet et le raft plein d'eau nous ne contrôlons plus rien et nous subissons le rapide. L'Ecossaise, terrorisée par son expérience de la veille retombe à l'eau mais nous parvenons à la repêcher tout de suite. De mon côté je suis bien accroché pour ne pas répéter une expérience aussi désagréable.
Nous négocions les autres rapides, déjà parcourus la veille, sans danger mais dans un style peu académique, souvent la poupe en premier. Il ne semble pourtant que nous réagissons promptement aux ordres du guide. En tout cas mes courbatures sont là pour prouver que j'ai ramé et mes contusions pour me rappeler qu'il ne faut pas tomber à l'eau.