Je suis venu de Nairobi en bus ce matin. Le passage de frontière
a été folklorique au poste de Namanga où une meute
colorée d'artisans Massaï, de mendiants et de changeurs de monnaie
douteux assaillent les Blancs avec un seul but : gagner un peu d'argent.
Le prix du visa est à la tête du client. Je n'ai payé
que 25 $ alors que l'Allemand à côté de moi a dû
débourser 50 $.
Le terminus du shuttle est situé dans un enclos grillagé
devant le Novotel. Une foule d'Africains (tour opérateurs, rabatteurs, marchands
ambulants) attend les passagers, en majorité des touristes blancs,
derrière les grilles. Je prends mes sacs et je sors d'un pas décidé,
seul Blanc non escorté par un chauffeur de taxi ou un agent d'une
compagnie de safaris. Personne ne m'embête et je vais m'attabler
dans un bar aperçu à une centaine de mètres de là.
Après avoir mangé un bout de poulet grillé avec
des légumes je me rends à pied au centre ville contre l'avis
des locaux qui me conseillent de prendre un taxi parce que c'est loin (30
minutes !) et que des voleurs rôdent parfois autour de la rivière.
Fort heureusement je n'en fais rien et les deux heures que j'ai passé
à me promener dans les faubourgs d'Arusha ont été
les seuls moments pendant lesquels je n'ai pas été considéré
comme un porte-monnaie ambulant en Tanzanie. Il n'y avait aucun étranger
à part moi et par conséquent les lieux étaient exempts
de la pléthore de vendeurs de tous poils qui hantent les zones à
touristes. Je n'ai réellement compris la valeur de ces moments qu'en
arrivant au centre ville où les Blancs, de nouveaux présents
en nombre, sont continuellement assaillis par les vendeurs de safaris,
parfois factices.
Les 500 000 habitants d'Arusha en font la troisième ville tanzanienne.
Elle est surtout connue pour l'AICC (Arusha International Conference Center),
le tribunal international (où ont siégé les instances
chargées de rendre le jugement sur les massacres du Ruanda) et le
centre de l'ONU. C'est un peu la Bruxelles de l'union est-africaine
(Kenya, Ouganda et Tanzanie). L'AICC, qui date des années 70, a
connu son heure de gloire lors de la venue de Bill Clinton mais ses bureaux
sont maintenant en partie occupés par des sociétés
privées, en particulier des prestataires de safaris. La deuxième
particularité de la ville, partagée avec Moshi à une
heure de route, est en effet d'être le point de départ de
nombreux safaris et de l'ascension du Kilimanjaro, visible selon le bon
vouloir des nuages. De nombreux tour opérateurs y ont établi leur
siège pour satisfaire (ou provoquer) la demande des touristes de
tous pays.