Foça (Turquie), 06/11/2001


La côte égéenne turque soufre de deux maux : le tourisme et l'armée. L'afflux estival de touristes a conduit un grand nombre d'entrepreneurs et d'habitants à construire des logements et des restaurants. Un paysan ou un pêcheur gagne plus d'argent en transformant sa maison en pension qu'en persistant dans son dur labeur quotidien. Le calcul est vite fait. A plus grande échelle les entrepreneurs immobiliers ont bétonné une grande partie de la côte, la protection du littoral s'étant organisée trop tard, sans compter les passe-droits. A Foça en particulier la plus belle portion du littoral fait partie du complexe du Club Med et l'accès y est rendu impossible par une clôture grillagée.

L'autre mal qui ronge la côte et auquel Foça n'échappe pas, c'est l'armée. La proximité des îles grecques et le souvenir de la guerre de 1919-1922 rendent les Turcs paranoïaques. Des bases militaires et des terrains d'entraînement se succèdent tout le long de la côte, rendant l'accès au littoral impossible ou interdisant de photographier les sites archéologiques. De l'autre côté du bras de mer les Grecs font pareil, massant inutilement des milliers de soldats sur les îles de Samos, Lesbos ou Rhodes, situées à quelques miles seulement des côtes turques. Ce statu quo fait perdre beaucoup d'énergie aux deux pays, un peu comme le Chili et l'Argentine s'observant avec anxiété mais sans animosité de part et d'autre de la Cordillère des Andes.

Ceci mis à part le petit port de pêcheurs de Foça pourrait être sympathique. Il s'agit en fait de l'antique Phocée d'où sont issus les colons fondateurs de Marseille, dite citée phocéenne. Son nom vient du grec Phokaïa qui signifie phoque. Ce nom est toujours justifié car c'est dans les criques et les îlots environnant Foça que se trouvent les derniers phoques moines de Méditerranée, protégés par le WWF. Pour ma part je n'ai pas eu la chance d'en apercevoir.